lundi 9 septembre 2013

Extraits du Rapport de Jean-Yves CAULLET, bois et forêts de France, nouveaux défis

tous ces rapports et stratégies pour les forêts et la biodiversité ne sont-ils que de la poudre aux yeux?  Va t-on réellement enclencher la transition écologique et énérgetique, ou stagner dans la position archaïque du système économique actuel, qui conduit inévitablement à des conflits et inégalités dans l'accès aux ressources?

Est-il réellement soutenable aujourd'hui de porter atteinte aux forêts, gestion et ressource durable, écologique et patrimoine commun à transmettre aux générations suivantes, au profit de ressources non durables, garantissant les ressources financières de quelques uns et un héritage incertain pour nos enfants (quoi que si, poubelles géantes, irradiations, pollution...)?

Pour le texte integrale : bois et forêts de France, nouveaux défis

Extraits du Rapport de
Jean-Yves CAULLET, bois et forêts de France, nouveaux défis
Député de l’Yonne, Maire d’Avallon

Au Premier Ministre,
Monsieur Jean-Marc Ayrault Juin 2013 : enfin une personne pleine de bon sens, mais où sont-elles en Sarthe ?

La forêt que nous observons n'est pas éternelle, nous devons savoir respecter les choix de ceux qui nous l'ont léguée, sauf à annihiler le prix de leurs efforts. La forêt que nous souhaitons demandera pour apparaître tous nos efforts et nous ne la verrons pas. Espérons que ceux qui nous succéderont sauront aussi respecter nos choix sauf à tout perdre de nos espoirs, et qu'ils auront la volonté de porter les leurs vers les générations futures.

Changement climatiques, compétition sur la ressource, conflit d’usage des sols, multifonctionnalité en question, il est indispensables de dépasser ces nouveaux déséquilibres pour continuer de travailler pour profiter du patrimoine forestier que nous avons reçu et l’enrichir encore pour le transmettre.

Conjuguer les objectifs sociaux, économiques et environnementaux, c’est l’enjeu du développement durable, comment imaginer que la forêt n’en soit pas l’un des meilleurs exemples. Puisque la forêt, quel que soit son statut, fait partie de notre patrimoine commun, puisque tous les pans de sa multifonctionnalité nous sont indispensables, il est primordial que les conditions de sa mise en valeur soit ouvertes au débat, comprises et partagées. Cette exigence est d’autant plus importante que la durée du cycle de la forêt dépasse le temps d’une génération, et que rien n’est à attendre de la dictature de l’immédiat.

De plus, la variabilité des conditions pédoclimatiques et leur évolution imposent pour réussir à long terme une variété des essences, et donc de façon globale, une biodiversité forestière. Bien sûr, cette dernière ne saurait être uniforme, de la forêt des Landes aux forêts feuillues du Nord-Est, en passant par les douglas plantés dans le Massif Central, la chênaie de Tronçais, ou la forêt méditerranéenne... Mais en même temps qu'un optimum est recherché dans chaque situation, n'oublions pas que la forêt la plus "cultivée" et la plus mono spécifique est toujours plus biodiverse qu'un champ de colza ou de maïs,... qui lui-même, le sera toujours plus qu'un parking goudronné (ou qu’une exploitation de carrière de sable, ça c’est de moi).

Assurer la pérennité des forêts dans leur diversité et leur multifonctionnalité, donner aux bois sous ses différentes formes leur place dans la stratégie climatique, rééquilibrer le commerce extérieur du secteur, sont donc les trois aspects clés d'un même objectif.
Pour l'atteindre il est indispensable de définir des axes stratégiques structurants et de s'y tenir à moyen et long terme car les résultats durables ne peuvent être immédiats, même si sur un certain nombre de thèmes, l'urgence est là.


Cela illustre un adage qui peut paraître justifier l'immobilisme, mais qui ne fait qu'illustrer la différence d'échelle du temps productif entre la forêt et le marché : "il n'y a pas de mauvais forestier, seulement des gens qui changent d'avis".




Il est donc évident que la forêt doit évoluer vers une production de bois optimisée au regard de l’objectif de fixation du carbone, pour une utilisation du bois facilitée capable de poursuivre ce stockage et sans négliger ses autres fonctions sociales et environnementales. Outre son aspect simplificateur et intégrateur, garant d'un meilleur respect, ce dispositif permettrait de mieux caractériser des situations forestières. Ainsi par exemple, les forêts issues de plantations doivent voir leurs particularités prises en compte. Un peuplement de pins maritimes dans les Landes ou une plantation de peupliers, même si elles possèdent un intérêt certain en terme de biodiversité, doivent pouvoir être conduits conformément à leur vocation principale qui est la production de bois. A l'inverse, dans des situations ou le rôle premier d'une forêt ressort de sa biodiversité, les conditions éventuelles d'intervention forestière doivent être conformes à cette priorité.


La prise de conscience des enjeux de l'utilisation du bois comme matière première renouvelable dans la lutte contre le changement climatique et son rôle de substitution à des produits issus de filières utilisant les énergies fossiles, conjuguée au goût du public renaissant pour cette matière noble, et à la nécessité reconnue de préserver et développer la biodiversité, constituent les conditions idéales pour une association du public à la détermination des orientations forestières. La meilleure formule me semble devoir s'inspirer du débat public préalable à l'élaboration des zonages et des prescriptions, quitte à valider ces dernières, in fine, par une procédure d'enquête ou de consultation.
  

Ne pas faire jouer par la forêt le rôle d’une variable d’ajustement dans la hiérarchisation des usages du sol.

La forêt et le bois se retrouvent au carrefour de tous les enjeux climatiques

L’usage optimisé du bois est favorable au climat, à la forêt et la biodiversité

L’exploitation durable et multifonctionnelle de la forêt est par nature une source importante d’emplois qualifiés, non délocalisables.

A l'image des SCOT pour l'urbanisme qui intègrent l'ensemble des contraintes découlant des schémas régionaux auxquels les PLU doivent se soumettre, il serait utile de prévoir un document intégrateur par massif ou par région dans le cadre duquel les aménagements forestiers et les PSG devraient se situer et seraient alors réputés conformes et stables, après un débat public ouvert permettant de partager en amont les orientations de gestion des espaces.


Cohérence des orientations, constance des choix dans la durée, partage de la définition des objectifs et de l'évaluation des résultats sont les conditions de l'efficacité du nouvel élan nécessaire à une politique de la forêt et du bois qui vise à relever les défis du changement climatique, de la transition énergétique et du redressement de la balance du commerce extérieur.

La question de la gouvernance d'ensemble au service de cette politique se pose donc naturellement. C'est sans doute l'ambition principale de ce rapport : faire sortir la forêt et le bois du cercle restreint des experts, et permettre à la société toute entière de se saisir des enjeux. Ainsi donc, je souhaite que cette conclusion ne soit que le début d'une mobilisation collective cohérente, constante et ouverte de toutes les énergies et toutes les compétences pour relever résolument les défis de l'avenir de la forêt et du bois.
 

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